Grâce à des peintures rupestres, découvertes en Espagne, en Afrique du Sud ou en Inde, on a pu se faire une idée plus précise de l'époque à laquelle les hommes se sont intéressés de près au miel. Au point de se hisser, comme le représentent ces peintures datées de la fin du Paléolithique, à l'aide de lianes jusqu'à des cavités où des abeilles voletantes signalent la présence d'un rayon.
Ces témoignages prouvent que les chasseurs de miel n'hésitaient pas, il y a plus de 12 000 ans, à se lancer dans de périlleuses escalades pour déloger le miel sauvage, selon des techniques que l'on peut rapprocher de celles encore utilisées aujourd'hui en Afrique, dans l'Himalaya ou en Amazonie.
Imiter et suivre les animaux
L'ours est largement aussi friand de miel que l'homme préhistorique, médiéval ou contemporain. Mais il n'est pas le seul. Le chimpanzé est un amateur forcené, qui sait habilement prélever dans les rayons le miel sauvage en se servant de brindilles qu'il lèche avec délectation.
Babouins et gorilles partagent avec lui cette préférence.
Mais dans le règne animal, c'est le coucou d'Afrique qui joue le rôle le plus étonnant. En voletant autour des colonies d'abeilles, car il se nourrit de larves et de cire, il sert à son corps défendant d'indicateur.
Lorsque les Pygmées perçoivent son appel, ils le suivent à la trace jusqu'à l'arbre où l'essaim est niché.
Armés de torches, les hommes grimpent alors de branche en branche jusqu'à l'entrée de la ruche qu'ils enfument sommairement et, plongeant le bras dans l'orifice, se saisissent des rayons.
Une bénédiction tombée du ciel
Pendant très longtemps, l'homme a cru tout simplement que le miel tombait littéralement du ciel lors de certaines manifestations météorologiques, l'apparition d'un arc-en-ciel ou le lever d'une constellation : les abeilles ne faisaient que transporter le miel depuis les corolles des fleurs, où il était tombé, jusqu'à leurs ruches, où l'on pouvait aller le récolter. Parmi les preuves les plus anciennes de l'élevage des abeilles figurent des scènes gravées ou peintes sur les murs des temples égyptiens.
Le métier d'apiculteur est une profession parfaitement identifiée dans l'ancien Empire égyptien, 2400 avant J.-C. : même si la cueillette du miel sauvage continue d'être pratiquée, on sait désormais construire des ruches, sous forme de sortes de vases d'argile empilés les uns sur les autres.
On sait utiliser des enfumoirs en terre cuite (la fumée diminue l'agressivité des abeilles et permet de s'emparer de leur miel plus facilement), on pratique aussi la transhumance en embarquant les ruches sur le Nil ou à dos de chameau pour trouver les meilleurs emplacements où les plantes à fleurs seront les plus productives. Car le miel sert non seulement d'aliment, mais aussi de remède et de matière première pour les embaumements.
Les débuts de l'apiculture
Les romains seront les dignes successeurs des premiers "cultivateurs" d'abeilles de l'histoire.
Les ruches étaient à l'origine très rudimentaires, troncs d'arbre évidés, mais bien vite elles ont été confectionnées en paille, en bois ou en écorce, ce que confirme l'étymologie du mot ruche, dérivé du gaulois Ruscaqui signifie écorce.
Mais l'histoire du miel ne saurait se cantonner à celle du Bassin méditerranéen. Elle connaît des développements tout aussi passionnants dans la civilisation aztèque, où le miel figurait au menu dès le petit déjeuner, dans une boisson au cacao mêlée de miel, de piment et de vanille. La bouillie de maïs au miel est un aliment de base chez tous les peuples amérindiens. Et si l'on part à l'exploration du continent asiatique, on s'aperçoit non seulement que l'apiculture est mentionnée en Chine dès le XVIe siècle avant J.-C. mais que le premier pain d'épices authentique de l'histoire du monde semble bien être chinois.
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