Une société d'abeilles repose sur une construction pyramidale très simple : une reine et ses sujets, c'est-à-dire d'une part la femelle reproductrice (c'est sa seule et unique fonction, et c'est pourquoi on l'appelle aussi la "mère", car en fait elle n'a aucune action directrice sur les activités de la ruche), d'autre part ses descendants.
Ceux-ci constituent trois groupes différents : les futures reines, les ouvrières (toujours stériles) et les reproducteurs, appelés faux-bourdons.
La reine, pendant le vol nuptial, peut s'accoupler avec plusieurs mâles : elle reste ensuite confinée sur les rayons pendant plusieurs années, condamnée à pondre durant tout le reste de son existence (cinq ou six ans) jusqu'à trois mille ufs par jour. Les ufs vierges donneront des faux-bourdons et les ufs fécondés, des reines ou des ouvrières.
La colonie, variable, est composée de 40 000 à 70 000 sujets au premier abord tous semblables, mais parmi lesquels il faut cependant distinguer :
La reine
Longue et svelte, elle est la seule femelle complètement développée : elle pond des ufs assurant la descendance de la ruche.
Elle sortira une seule fois de la ruche : pour se faire ensemencer par un mâle. Ensuite elle reviendra à la ruche pour n'en plus jamais ressortir.
Les mâles, ou bourdons
Les mâles, ou bourdons au corps massifs : une centaine environ dont la seule raison d'être est l'acte d'amour qui fécondera la reine dans le bruissant cortège du "vol nuptial".
Un seul sera élu au printemps au profond de l'azur à la fois dans l'amour et dans la mort. Les autres mâles devenus inutiles seront exterminés sans pitié par la reine ou par les gardiennes. Une ruche d'automne ou d'hiver est donc une ruche sans mâles.
Les faux-bourdons
Ils proviennent d'oeufs non fécondés. Ce sont les mâles de la ruche, les princes consorts. Le faux-bourdon se distingue facilement dans le peuple des abeilles. Sa tête est ronde, grosse (celle de l'abeille est petite et triangulaire).
Son corps lourd et maladroit est couvert de poils qui l'habillent d'un gilet de velours fauve ; ses pattes sont grêles, sans corbeille pour la récolte. Il n'est pas pourvu de trompe pour pénétrer le calice des fleurs ni d'aiguillon pour se défendre. Aussi passe-t-il son temps à dormir au chaud de la ruche ou dans le frais calice des fleurs quand le temps le permet. Ils périront à l'automne, n'ayant vécu qu'un seul été.
Les ouvrières
Elles sont plus petites, très actives, vierges et stériles ; la bonne marche de la colonie dépend d'elles.
Une ouvrière peut vivre jusqu'à 5 à 6 mois ; mais elle ne vit que 40 jours en période de floraison.
Elle occupera dans la ruche tous les emplois. D'abord balayeuse, elle pourvoira à l'élimination des déchets, ceci pendant trois jours. Les six jours suivants, elle sera convertie en nourrice après le développement de ses glandes salivaires.
Pendant les six jours suivants, elle sera cirière-bâtisseuse, puis gardienne et ventileuse.
Enfin, elle terminera sa carrière comme butineuse chargée de la récolte du nectar ou du pollen.
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